Brevets logiciels: recadrage historique de la Cour Suprême des États-Unis


Si la décision ne mentionne pas explicitement les brevets logiciels1, elle réduit le champ de la brevetabilité, en affirmant que le fait qu’une idée abstraite soit appliquée par le biais d’un ordinateur ne suffit pas à la rendre brevetable. Cela tord le cou à une interprétation trop extensive par la cour spécialisée sur les brevets (appelée Cour of Appeal of the Federal Circuit, CAFC) aux États-Unis d’une ancienne décision de la Cour Suprême, Diamond v. Diehr, qui considérait qu’une invention était brevetable dès qu’elle était implémentée par ordinateur.

« Cette décision est une excellente nouvelle pour l’informatique en général et pour le logiciel libre en particulier », explique Jeanne Tadeusz, responsable des affaires publiques de l’April. « Cela réactive le principe fondamental selon lequel les idées sont de libre parcours, c’est-à-dire que c’est leur application matérielle qui est encadrée par le droit. Le simple fait de la mettre en place par ordinateur ne suffit pas à la rendre brevetable.»

Si cela n’interdit pas explicitement tous les brevets logiciels, cela permet au moins de les circonscrire. L’April se réjouit donc de la décision, mais souligne aussi l’importance d’avoir une juridiction suprême généraliste, qui ne soit pas incluse dans un microcosme des brevets. En effet, les cours spécialisées avaient toutes validé ce type de brevets logiciels ; seule la cour suprême les réfute. La mise en parallèle de ce système avec celui proposé par le brevet unitaire européen souligne les dangers de ce dernier : avec uniquement des juridictions spécialisées, peuplées de spécialistes des brevets, le futur système européen risque fort de ne pas permettre de tels recadrages.

La suite sur le site de l’APRIL

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