Tribunes & Opinions

Yann Le Pollotec : « Les quatre valeurs du logiciels libres correspondent à notre message politique »

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Le libre et le PC se cotoient depuis un moment maintenant. Comment se passe cette collaboration ?

Nous nous côtoyons depuis 1994. Nos parlementaires européens ont toujours combattu les directives « brevet logiciel » et nous appelons régulièrement nos élus à signer la charte de l’April et à mettre en place des solutions logiciels libres là où nous sommes en situation de gestion. Les quatre libertés du logiciel libre, de par les valeurs de partage et la notion de biens communs qu’elles véhiculent, rejoignent le sens de notre projet politique qui d’ailleurs se nomme « la France en commun ». Certes nous sommes conscients que les libertariens et certains libéraux se réclament aussi du « libre » mais c’est avant tout pour véhiculer le mythe de n’être que « l’entrepreneur de soi-même » pour reprendre le concept de Michel Foucault.

Le mouvement des fablabs, des makers et du DIY est aussi représenté, est-ce une bonne chose pour notre économie ?

C’est une bonne chose pour notre économie, mais aussi pour le développement social et culturel de notre pays. Il développe des lieux où l’innovation est le fruit de la passion et/ou de l’utilité sociale. Il permet une appropriation sociale et souvent ludique des technologies, chose que le système scolaire a actuellement malheureusement beaucoup de difficulté à faire. Reste à construire un écosystème coopératif, entre marché et État, capable d’offrir une alternative économique viable au système du tout startups. Les institutions de la commune à l’Union Européenne, devrait créer les conditions de l’incubation d’un tel écosystème. Il est très positif que la France, soit après les États-Unis, le deuxième pays au monde par le nombre de ces Fablabs, makers space et hacker space, tout en ayant son originalité propre dans le développement et la vie de ces tiers lieux.

Que pensez-vous de l’initiative « Dégooglisons internet » ?

C’est toute la question du capitalisme de plate-forme, des situations de monopole et de la réappropriation de nos données et interactions numériques. De fait le moteur de recherche de Google joue un rôle de service public mondial, mais derrière sa gratuité apparente nous devenons le produit et la marchandise de Google ce qui lui permet de faire ses profits et d’acquérir un pouvoir sans partage et sans réel contrôle. Google ne contribue en rien à la production des informations que ses algorithmes traitent. C’est pourquoi, la campagne « dégooglisation d’internet » devient de fait une question incontournable

On voit mal le crowdfounding intéresser a priori le PC et la Fête de l’Huma. On a tort ?

Je crois qu’il y un vrai besoin de financement de projet, quelque soit leur vocation, qui soit libéré du carcan des prêts bancaires privés ou de la course à la subvention publique. Et le crowdfounding à de ce point de vue ouvert un véritable espace de liberté avec la possibilité de s’adresser à tous au lieu de passer par les fourches caudines de quelques décideurs. Sans cette possibilité de financement participatif jamais l’Espace des logiciels libres, des hackers et des fablabs n’aurait pu exister à la fête de l’Humanité. C’est pourquoi je vous appelle à contribuer et à faire contribuer à notre appel à financement participatif sur Ulule.

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L’Espace du libre, des hackers et des fablabs à la Fête de l’Humanité 2014.

Peux-tu nous présenter succinctement les activités et débats qui seront organisés cette année ?

Dans l’ordre alphabétique : April, Association La Mouette (libre office), Bionico Hand, Camille Bosqué, Carrefour numérique au carré, Ecodesign Fablab, Electrolab, Collectif Emmabuntüs, FDN/Franciliens.net, Framasoft, Licence Creative/Creative Commons France, Marker Girls, Mozilla, Open-Edge, Les Ordis libres, Parinux, Les Petits Débrouillards Idf, La Quadrature du Net, Ubuntu seront les acteurs cette années de l’Espace avec de nombreux ateliers : impression 3D, Arduino, E-textile, soudure, robotique, codage.

Trois grands débats auront lieu :

– Le vendredi 11 septembre à 17h30 « Défendre les liberté et les droits sur Internet » avec Cécile Cukierman sénatrice rapporteuse pour le groupe communiste sur la loi renseignement, Yann Le Pollotec, responsable « révolution numérique » du PCF, Véronique Bonnet de l’April, la Quadrature du Net et la CNIL.

– Le samedi 12 septembre à 10h30 « La lutte des classe à l’heure du big data » avec Yann Moulier Boutan économiste, chercheur à l’université de Shangaï, et Alain Obadia responsable industrie du PCF et président de la Fondation Gabriel Péri.

– Le samedi 12 septembre à 18h « Quelles contributions des fab-city, pour lutter contre l’obsolescence programmée et le réchauffement climatique, et répondre aux besoins humains » avec Patrice Bessac maire de Montreuil, ville membre du réseau Fab-City, Philippe Schiesser, président du Fablab écodesign à Montreuil, Nicolas Huchet du projet Bionico Hand (bras artificiel intelligent et open source).

Propos recueillis par André Ani

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