Solutions Linux 2011, comment va le logiciel libre ?
mardi 17 mai 2011
Voici mes impressions et réflexions à chaud suite à deux journées passées sur le salon Solutions Linux durant lesquelles j’ai eu la possibilité d’animer des interviews et des débats pour la webTV <a
href="http://www.intelli-n.tv/">Intelli’N TV que vous pourrez découvrir prochainement. Une expérience riche en enseignement sur bien des points pour quelqu’un comme moi qui n’avait jusqu’à présent que peu eu le loisir de sortir du contexte de la blogosphère du logiciel libre. J’ai écrit cet article dans le TGV qui me ramenait à Lyon mercredi soir.
J’avoue que suis plutôt fatigué, mais ça en valait la peine. C’était une occasion de prendre le pouls du logiciel libre. Je vous rassure tout de suite le patient est toujours en vie. Va-t-il pour autant bien, la question reste ouverte.
A écouter les exposants ou les visiteurs, certains ont trouvé le salon moins fourni qu’à l’habitude. Peut-être le changement de lieu d’exposition joue-t-il dans cette impression. <a
href="http://solutionslinux.fr">Solutions Linux se déroulait l’année dernière Porte de Versailles. Un hall d’exposition doté si ma mémoire est bonne d’une grande hauteur de plafond. Au CNIT la Défense, on se limite au standard des 2,50 mètres. Côté fréquentation il semblerait qu’il n’y ait pas eu moins de monde qu’à l’habitude, mais cela reste à confirmer, car le salon ne ferme ces portes que jeudi soir 12 mai.
Rencontre de deux mondes
Ce qui est intéressant sur ce salon c’est la rencontre de deux mondes. Celui des entreprises qui gravitent autour du logiciel libre, de l’open source et celui de l’associatif. Comme chaque année un espace est mis gracieusement à la disposition des associations. Je dirais qu’à vue de nez cela représente bien un petit quart de la surface. J’ai pu constater que certains stands étaient vides, ce qui est un peu dommage surtout vis-à-vis d’autres associations dont les stands étaient plus que remplis. Défaut de mobilisation chez certains ?
La présence de tout ce monde en un même lieu est bien évidemment un moment privilégié pour se rencontrer, discuter et échanger. C’est également l’occasion de serrer les mains de personnes que l’on ne croise que par mail, notices StatusNet ou Twitt. <a
href="http://identi.ca/notice/73052389">J’ai pu faire la bise à Jean-Michel, serrer la main de Nicolas Hennion aka <a
href="http://blog.nicolargo.com/">Nicolargo ou encore Alain aka Lordlinux. Serrer la main aussi de lecteurs inconnus, de célébrités du web comme Tristan Nitot ou encore des activistes de l’<a
href="http://www.april.org/">APRIL comme Tanguy Morlier ou Frédéric Couchet. Il y avait aussi les lyonnais qui comme moi avaient fait le déplacement avec l’inépuisable Pierre-Yves Gosset de <a
href="http://www.framasoft.net/">Framasoft ou encore Vanessa de l’<a
href="http://www.aldil.org/">ALDIL. J’en oublie sûrement et je m’excuse d’avance de ne pas les citer.
Chez les communautaires
Coté communautaire l’ambiance est franchement joviale et convivial et contraste évidemment avec l’approche plus professionnelle (même si parfois détendue) des stands des sociétés commerciales. Toujours dans les constats, il n’y avait pas beaucoup de costumes dans les allées communautaires, les pantacourts côtoyaient les jeans et les shorts. Les costumes auraient-ils peur d’affronter les pantacourts et les shorts <img
src='http://philippe.scoffoni.net/wp-includes/images/smilies/icon_smile.gif' alt="Solution Linux open source logiciel libre IntelliNTV entreprise communauté association " class='wp-smiley' title="Solutions Linux 2011, comment va le logiciel libre ?" /> ? C’est dommage pour les uns, mais aussi pour les autres.
Pour finir sur mes impressions côté communautaires, j’ai constaté à plusieurs reprises le syndrome de ce que j’appellerais le double-badge. Coté pile le nom d’un projet, coté face le nom d’une société. Il est évident et normal que les communautaires aient besoin de vivre du fruit de leur travail et de valoriser financièrement leurs compétences. La création d’une structure « à objectif de performance financière » comme on lit parfois sur certains sites semble donc souvent inévitable.
J’ai bien senti lors de certains échanges le malaise de certains face à la crainte d’être accusé de « mélanger » les genres. Il est vrai que l’association d’activités associatives que l’on peut qualifier d’intérêt général à des activités professionnelles peut si l’on franchit certaines limites tomber dans le domaine de l’exploitation du bénévolat. Une pratique passible de poursuites judiciaires.
Pourtant, les associations peuvent tout a fait fournir des prestations et services. Des banques comme le Crédit Mutuel ou des assurances sont sous statut associatif. Bien sûr dans ce cas, ces associations ne peuvent prétendre a des dons qui offrent des réductions d’impôts,
N’oublions pas aussi que les associations peuvent créer des entreprises et en détenir la totalité du capital à l’image de ce qu’a fait la fondation Mozilla avec <a
href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mozilla_Corporation">Mozilla Corporation aux USA. Une approche qui aurait le mérite de séparer les activités de prestations de service des activités associatives. Une façon pour la communauté de conserver une pleine gouvernance des choix de l’entreprise que ce soit en matière de rémunération ou d’utilisation des bénéfices.
Du côté des entreprises
Beaucoup d’éditeurs de logiciels libres ou open source sont présents. On retrouve là aussi une grande diversité de solutions depuis les racks de serveurs en céramique jusqu’aux outils de Business Intelligence dont il est toujours difficile de mesurer le niveau de recouvrement fonctionnel entre les différentes offres.
Tout les modèles économiques sont représentés :
- le logiciel sous licence libre accompagné de services tels que support, formation, intégration et pour les applications web l’inévitable <a
href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_en_tant_que_service">logiciel en tant que service ou SaaS. - l’open source à deux vitesses avec les outils disposant d’une version dite « communautaire » mais appauvris en fonctionnalité voir inutilisable dans un contexte professionnel et une version « Entreprise » payante.
- l’open core avec son noyau sous licence libre aux fonctionnalités plus ou moins étendues et ses extensions propriétaires.
- le logiciel propriétaire mais proposant des modules parfois sous licence libre pour répondre à certains besoins d’interopérabilité ou de plateforme d’exécution ou embarquant des briques open sources.
Une impression qui sera à confirmer est l’évolution de certains poids lourds communautaire dont le développement est supporté par des entreprises vers des formes de framework de développement. C’est notamment l’impression que j’ai eu avec Drupal. L’accent semble vouloir être mis sur la notion de distribution Drupal. Le logiciel entre alors dans la catégorie <a
href="../open-source-commodite-moteur-innovation/">des commodités ou briques de base pour des solutions plus sophistiquées, mais supportées et déployées par des entreprises.
Mircosoft et ORACLE étaient présents, mais sur des stands quelque peu excentrés et peu visités sauf lors du <a
href="http://linuxfr.org/users/patrick_g/journaux/microsoft-en-proc%C3%A8s-%C3%A0-sl2011">débarquement de l’escouade libriste de GCU. Une présence que l’on pourrait qualifier de symbolique et qui leur permet probablement aussi d’être présent sur les conférences et autres ateliers pour présenter aussi leurs offres. A l’échelle de ces deux géants la participation à un Salon comme celui-ci ne leur coûte probablement qu’une somme tout aussi symbolique.
Peu voir pas de matériel informatique grand public. C’est dommage, car des acteurs comme <a
href="http://geekdefrance.fr/2011/04/27/topachat-propose-ses-pc-sous-ubuntu/">Top-Achat ou LDLC qui fournissent des PC sans OS auraient été les bienvenus sur ce type de salon. Certains visiteurs, y compris des professionnels auraient ainsi pu découvrir le vrai prix d’un ordinateur lorsqu’il n’est plus vendu avec Windows et Office.
Le logiciel libre va-t-il bien ?
Je dirais qu’il ne va pas trop mal et qu’il est dans une phase que les spécialistes des graphiques et autres courbes d’adoptions appellent la phase de maturité. Mais en même temps de nouveaux (?) dangers semblent se pointer à l’horizon. Le mélange des genres entre business et associatifs, la tentation de recours à une approche partiellement propriétaire pour améliorer la rentabilité ou la prise en main de la gouvernance des projets communautaire par des entreprises me semblent faire parti de ces dangers.
En conclusion, je tiens à préciser si c’était nécessaire, que ces propos n’engagent bien sûr que moi et en aucune façon Intelli’N TV, puisque nous sommes sur mon site personnel. Je remercie la sympathique équipe technique qui a filmé mes interventions durant deux jours ainsi que Claire Potel et Jonathan Le Lous d’<a
href="http://www.intelli-n.fr/">Intelli’N qui m’ont invités à ce salon.
Philippe SCOFFONI
Vous pouvez consulter un sondage sur le site de l’auteur en cliquant ici.